Des excuses de l’Occident à propos de la colonisation, mais toujours pas de réparations 7 juin 2022

Des excuses de l’Occident à propos de la colonisation, mais toujours

pas de réparations 7 juin 2022

Le roi Philippe de Belgique se rend pour la première fois en République démocratique du Congo (un pays exploité par ses ancêtres), dans le but de resserrer les liens avec cette nation, plus de 60 ans après son indépendance.

Le roi sera accompagné de son épouse, la reine Mathilde, et de membres du gouvernement belge, dont le Premier ministre Alexander De Croo, pour un voyage de six jours à l’invitation du président de la RDC, Felix Tshisekedi.

Il s’agit d’une visite historique en République démocratique du Congo, puisque c’est la première d’un couple royal belge depuis 12 ans.

Ce voyage intervient également deux ans après que le roi a exprimé ses « profonds regrets » pour les « blessures » causées par le régime colonial de son pays.

Le roi Philippe est un descendant du roi Léopold II, souverain du 19e siècle, dont le règne a vu 10 millions d’Africains tués dans certaines des pires atrocités de l’ère coloniale.

Dans une lettre adressée au président Tshisekedi, à l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance du Congo, le roi Philippe a exprimé pour la première fois des regrets, sans toutefois présenter d’excuses.

Cette visite a été présentée comme l’occasion de présenter des excuses officielles au peuple congolais.

Mais ce n’est pas la première fois qu’un dirigeant occidental est confronté aux abus commis pendant la période coloniale.

Certains pays ont présenté des excuses officielles, tandis que d’autres n’ont reconnu que récemment que certains événements avaient eu lieu.

Les critiques disent que les excuses ne vont pas assez loin pour aborder les brutalités du passé et l’héritage durable du colonialisme.

Ces dernières années, des pays comme le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France ont été sous le feu des projecteurs pour les actions de leurs anciens dirigeants.

Nous examinons ici les réactions à certains exemples de cas où l’Occident s’est excusé et a conclu des accords sur son passé colonial.

Quelle est l’histoire ?

Le roi Léopold II de Belgique s’est vu attribuer d’immenses territoires autour du bassin du fleuve Congo par les dirigeants européens lors de la conférence de Berlin en 1885, lorsqu’ils se sont partagé les territoires du continent dans le cadre de ce que l’on a appelé la ruée vers l’Afrique.

Le roi a appelé son territoire l’État libre du Congo – une colonie personnelle où il avait la liberté de faire ce qu’il voulait.

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Il est rapidement devenu un régime brutal basé sur le travail forcé pour cultiver et commercialiser des matériaux comme le caoutchouc, l’ivoire et les minéraux.

Les autorités coupaient les membres des personnes qui n’atteignaient pas les quotas fixés par décret royal.

Au plus fort des manifestations mondiales de Black Lives Matter, des milliers de Belges sont descendus dans la rue pour demander au pays de s’intéresser de plus près à sa propre histoire.

Les statues du roi Léopold II dans les villes du pays ont été vandalisées, les autorités l’ayant ensuite retiré des espaces publics.

« Un profond chagrin » à propos de l’esclavage en Jamaïque

Lors d’une tournée royale britannique dans les Caraïbes en mars, le prince William a fait part de son « profond chagrin » concernant l’esclavage lors d’un discours prononcé à l’occasion d’un dîner en Jamaïque.

Le duc a déclaré que l’esclavage était odieux, qu’il « n’aurait jamais dû avoir lieu » et qu’il « entache à jamais notre histoire ».

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Mais les critiques disent qu’exprimer de la « tristesse » et reconnaître les événements historiques ne va pas assez loin.

La visite royale a été accueillie par des manifestations appelant la monarchie à payer des réparations pour la traite des esclaves et la Jamaïque à destituer la reine de son titre de chef d’État.

L’Allemagne reconnaît officiellement le génocide de la Namibie de l’ère coloniale

En 2021, l’Allemagne a officiellement reconnu le meurtre de dizaines de milliers de personnes en Namibie comme un génocide.

On estime que 60 000 Ovaherero, soit plus de 80% de la population totale de l’ethnie dans la région, et 10 000 Nama, soit 50% de sa population, ont été tués par les colonisateurs allemands entre 1904 et 1908.

Leurs terres et leur bétail ont également été confisqués pour les punir d’avoir pris part à un soulèvement.

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L’Allemagne s’est engagée à faire un « geste pour reconnaître les immenses souffrances infligées ».

Mais elle n’a pas parlé de réparations, l’accord étant plutôt une promesse d’aide au développement d’une valeur de plus de 1,1 milliard d’euros (1,3 milliard de dollars).

L’argent devrait être versé sur une période de 30 ans aux descendants des Ovaherero et des Nama.

Mais les descendants des communautés concernées, dont Uahimisa Kaapei, ne sont pas satisfaits de l’accord.

« C’était la blague du siècle », dit-il.

« Nous voulons qu’ils [le gouvernement allemand] viennent présenter des excuses. L’argent sert juste à dire ce qu’ils ont fait de mal à notre égard. »

 

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