Dans le sud du Sénégal, les producteurs augmentent leurs rendements agricoles grâce à un programme de la Banque africaine de développement

Dans le sud du Sénégal, les producteurs augmentent leurs rendements agricoles grâce à un programme de la Banque africaine de développement

Dans la vallée de Boukitingho, en Basse-Casamance, Hilaire Tokyo Diatta garde encore le souvenir amer de la remontée de la langue salée dans les terres. « Chaque année, des ménages perdaient des parcelles gagnées par le sel. Les parcelles rizicoles, notamment, étaient affectées », se souvient-il.

« Depuis que nous bénéficions de la digue anti-sel, nous avons retrouvé notre motivation pour développer la riziculture, se réjouit Hilaire. Une bonne partie des parcelles a été récupérée et la vallée de Boukitingho est complétement protégée des remontées salines. Les superficies cultivées augmentent chaque année ainsi que les rendements. »

Cette digue anti-sel a été construite grâce à des fonds issus du Programme de renforcement de la résilience à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle en milieu rural au Sénégal (P2RS). Approuvé en 2015 par les administrateurs de la Banque, le P2RS a été financé à hauteur de 34,13 millions de dollars américains par le Fonds africain de développement, le guichet concessionnel du Groupe de la Banque africaine de développement.

En 2020, la vallée a enregistré des productions record de produits vivriers, qui ont permis de renforcer la sécurité alimentaire des populations de la région, souligne Hilaire. Et avec la digue, le poisson prolifère à nouveau, améliorant le revenu des ménages.

Gérant de la mini-laiterie de Feddande, dans la région de Kolda, Seydou Baldé transforme, depuis vingt ans, le lait de vache. Longtemps, il a été confronté à la faible rentabilité de son activité en raison de coûts de production exorbitants : déficit d’électricité, utilisation à outrance des bonbonnes de gaz pour son pasteurisateur manuel, manque de moyens de transport pour la collecte et la vente du lait, etc.

Depuis deux ans, les choses ont changé pour Seydou : « en 2017, nous parvenions à pasteuriser 200 litres de lait par mois. Aujourd’hui, notre capacité de transformation tourne autour de 100 litres de lait par heure grâce au pasteurisateur et au refroidisseur solaires. »

« Nous n’aurions jamais pensé réaliser un chiffre d’affaires de 125 000 francs CFA par jour (227 dollars), alors que nous étions à 60 000 francs CFA (109 dollars) auparavant, s’étonne encore Seydou. Maintenant, nous employons des jeunes et des membres de notre famille, et le lait que nous transformons est de meilleure qualité. »

Dans cette région du sud du Sénégal, Hilaire et Seydou font partie des bénéficiaires du P2RS, qui s’est déployé dans six communes : Fatick, Kolda, Tambacounda, Kédougou, Matam, Ziguinchor, avec des résultats à fort impact sur les conditions de vie des populations.

Outre les ouvrages de retenue d’eau et anti-sel, les aménagements réalisés dans les différentes vallées ont permis de mettre à disposition 6000 hectares de terres cultivables. Ces superficies ont renforcé les capacités productives des zones concernées et les possibilités de diversification à travers les périmètres maraîchers. Les productions rizicoles sont mieux sécurisées et les quantités produites permettent d’assurer l’autosuffisance des populations en riz et de dégager, selon les endroits, des surplus commercialisables.

Les périmètres maraîchers et les fermes agricoles ont également offert des opportunités de travailler tout au long de l’année, générant des ressources supplémentaires et améliorant la qualité nutritive des aliments.

Les effets positifs du programme sont visibles dans la production annuelle cumulée de 104 000 tonnes de céréales et 44 500 tonnes de produits maraîchers. Le revenu annuel moyen tiré des activités agricoles est estimé à 332 856 francs CFA (+37% par rapport à la situation de référence).

Par ailleurs, les jeunes bénéficiaires des fermes agricoles et/ou des couples de géniteurs ont, pour la plupart, changé de vie. Avec des revenus conséquents, ils investissent dans d’autres activités. Enfin, les petits ruminants et les volailles mis à la disposition des ménages les plus vulnérables ont permis de générer des revenus réguliers. Après seulement deux ans de mise en œuvre du programme, plusieurs bénéficiaires disposaient de quelques têtes de bétail ou avaient réalisé de nouveaux investissements (acquisition de chevaux, de bœufs ou d’équipements agricoles).

« Le P2SR a nettement amélioré notre quotidien, soutient Salimatou Sakho, présidente du groupement d’intérêt économique des transformatrices de Gandé -département de Bakel, dans la région de Tambacounda. Le programme nous a permis de construire notre local de transformation, de moderniser nos équipements et un spécialiste est là pour nous accompagner dans la gestion d’entreprise. »

« Grâce à ces acquis, nous avons diversifié nos produits et amélioré leur qualité. Nous avons obtenu une autorisation nous permettant de les vendre partout. Le projet P2RS a produit du concret et nous a donné beaucoup d’ambitions », conclut-elle.

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