Guinée – Bauxite : le pays est-il prêt à se lancer dans la transformation locale ?

Guinée – Bauxite : le pays est-il prêt à se lancer dans la transformation

locale ?

En Guinée, le Colonel Mamady Doumbouya, chef de la transition, a instruit les sociétés minières de construire des usines de raffinage pour traiter la bauxite localement. Il leur a donné jusqu’au 31 mai pour soumettre leurs plans.

La bauxite est un minerai essentiel dans la fabrication de l’aluminium, bien qu’elle doive d’abord être transformée en alumine.

La Guinée est le premier exportateur mondial de bauxite, avec jusqu’à 87 millions de tonnes par an.

A Conakry, cette décision des autorités de la transition est diversement appréciée.

Qu’ont dit les autorités ?

« Il en est aussi du processus de transformation de nos matières que vous exploitez. Désormais, leur transformation sur place devient incontournable. C’est un impératif et sans délai. Et ce, avant la fin du mois de mai », a déclaré le Colonel Mamady Doumbouya, selon les médias locaux.

Le président par intérim s’exprimait la semaine dernière, lors d’une réunion avec les patrons des sociétés minières.

« Vous et nous ne pouvons plus continuer ce jeu de dupes qui perpétuer une grande inégalité dans nos relations. Il faut la corriger, et c’est maintenant », a-t-il dit.

Cette mise en garde du chef de l’Etat concerne une dizaine de sociétés minières. Les modalités de son exécution font encore l’objet de discussions entre les sociétés minières et les autorités guinéennes.

Le ministère des mines a clarifié mercredi certains points clés notamment la possibilité pour les sociétés minières de choisir leurs sites d’implantation, la transformation de la bauxite en solo ou en coopérative, ainsi de suite.

Bien que cette mesure soit inscrite dans le cahier des charges des sociétés minières, l’annonce du président de la transition a pris plusieurs Guinéens par surprise.

La Guinée est-elle vraiment prête ?

Pour Akoumba Diallo, consultant des questions de mine, la Guinée peut bel et bien transformer ses minerais sur place.

« La Guinée dispose de grandes ressources minières en termes de bauxite, près de 40 milliards de tonnes. Donc, ceci peut justifier la disponibilité de la matière première pour construire des raffineries dans les mines », dit-il.

« Mais également la Guinée dispose d’un certain nombre d’infrastructures et de ressources humaines pour faire opérer une raffinerie », poursuit-il.

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Cependant, implanter des raffineries implique aussi des défis tels que la formation et la mise à jour de ressources humaines.

A cela s’ajoutent des problèmes d’électricité, explique Amadou Bah de l’ONG Initiative de Transparence dans les Industries Extractives (ITIE).

« La Guinée n’a pas une capacité de production énergétique excédentaire permettant d’alimenter les raffineries ou encore les fonderies d’aluminium », affirme-t-il.

Selon lui, il est donc « urgent pour l’Etat guinéen de jeter les bases d’une réflexion stratégique allant dans le sens de mobiliser suffisamment de fonds pour pouvoir mettre en place des sources d’énergie, à travers les centrales, capables de soutenir la production de l’alumine ou encore de l’aluminium sur place ».

La Guinée exporte jusqu’à 87 millions de tonnes de bauxite par an, ce qui rapporte environ 500 millions de dollars à l’État guinéen, selon les chiffres de l’ITIE.

Des experts estiment qu’installer des raffineries dans le pays pourrait multiplier ce revenu par cinq.

Pour l’instant, les discussions se poursuivent entre les sociétés minières et les autorités guinéennes pour matérialiser ce projet de transformation locale de la bauxite.

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